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EHPAD ORPEA : "ON ESPÉRAIT CRÉER UN ÉLECTROCHOC"

Mercredi 16 Mars - 17:15

Actualité


Victor Castanet, auteur du livre "Les Fossoyeurs : révélations sur le système qui maltraite nos aînés". - © Léa Duperrin / Radio Scoop
Un mois et demi après sa sortie, l'ouvrage de Victor Castanet sur le groupe Orpéa se hisse toujours dans le top 5 des ventes en France. Un succès retentissant pour cette enquête de trois ans, qui met à jour de graves dysfonctionnements dans les établissements pour personnes âgées. Rencontre.


Tout est parti d'une alerte. Des dysfonctionnements, des cas de rationnements alimentaires dans un Ehpad parmi les plus luxueux du pays, en banlieue parisienne... "Au début on se dit, c'est pas possible, on parle quand même d'un établissement qui facture environ 8.000 euros par mois pour chaque résident", se souvient Victor Castanet. Alors l'enquête commence. L'auteur prend conscience qu'un article ne suffira pas. Ce sera donc un livre, 400 pages d'enquête et plus de 250 témoins interrogés. Un système mis à jour, dans ses rouages les plus complexes. Et dans ses réalités les plus choquantes.

Ce mercredi midi, Victor Castanet était à Lyon pour une discussion débat, suivie d'une séance de dédicaces. Il doit se rendre à Saint-Étienne à la librairie de Paris, à partir de 17h30.

"Des témoins ont pensé que j'étais une taupe et que je travaillais pour Orpea"


Au-delà des cas de maltraitance, l'enquête décrit aussi le sous-effectif et le turn-over très important côté personnel soignant. Le tout, en décortiquant la gestion financière des Ehpad par le leader mondial dans le domaine privé. Le groupe Orpea gère 200 établissements pour personnes âgées en France.

"Je n'imaginais pas au départ que l'enquête durerait trois ans, ni que j'allais m'y consacrer entièrement", explique Victor Castanet, qui se rend vite compte de l'ampleur de la situation. "Il y avait eu des enquêtes, notamment par Médiapart. Mais sans que cela soit fait en profondeur."

Il faut dire que le sujet est complexe. Et sensible. L'auteur, bien entouré sur le plan juridique et accompagné par sa maison d'édition (Fayard), a tout de même dû faire quelques compromis. "J'ai dû enlever une cinquantaine de noms pour éviter de multiplier les procès", poursuit-il. Finalement, le groupe Orpea n'a pas (encore ?) déposé plainte. Mis au courant des investigations du journaliste dans les mois qui ont suivi le début de l'enquête, les équipes avaient souhaité entrer en contact avec lui... Sans que cela ne dissuade l'auteur d'aller au bout.

Quant à la parole, qui s'est libérée depuis la parution de l'ouvrage, elle n'a pas été facile à retranscrire. "Il y avait de la peur bien sûr. Peur de perdre son travail, peur des représailles. Certaines personnes ayant travaillé pour le groupe ont signé des clauses de confidentialité. D'autres sources avaient indiqué vouloir témoigner et se sont rétractées. Et puis certains ont carrément pensé que j'étais une taupe et que je travaillais pour le groupe..." L'auteur parle d'une grande souffrance chez des anciens salariés, des cas de stress post-traumatique ou des tentatives de suicide.

"Multiplier les contrôles dans les Ehpad ne suffira pas"


Une loi du silence qui n'empêche pas certains de se faire entendre, y compris à visage découvert. Victor Castanet les rencontre, préfère se déplacer à l'autre bout de la France plutôt que de parler au téléphone : "même pour une heure d'entretien, les sources ne donnent pas la même chose en vrai." Puis vient la rédaction du livre, "ne pas être sensationnaliste, mais raconter une histoire", explique l'auteur.

Aujourd'hui, Victor Castanet se dit "fier" que le sujet ait enfin été projeté au cœur des débats. "On espérait créer un électrochoc."

Le gouvernement, les parlementaires : tous se sont emparés de l'épineuse question de la gestion des Ehpad et de la prise en charge des personnes âgées. Plus de contrôles ? "Même s'ils sont renforcés, ça ne sera pas suffisant. Il faut contrôler le siège. On ne peut pas donner autant d'argent public et contrôler si mal", résume l'auteur, qui veut aussi laisser la justice faire son travail.

Une double enquête administrative sur le groupe Orpea, confiée aux inspections générales des affaires sociales et des finances, a été demandée par le gouvernement. "La mission Igas/IGF a bien achevé son travail et soulevé des faits graves, sur lesquels le groupe Orpea, qui a accusé réception du rapport, doit désormais répondre", ont indiqué mardi dans une note à la presse les services de la ministre déléguée à l'Autonomie, Brigitte Bourguignon. Lorsque le gouvernement recevra le rapport finalisé, il "proposera le cas échéant des suites juridictionnelles, financières ou administratives", ont ajouté les services de la ministre.