Malheureusement, la saison dernière, les faits lui ont donné raison.
Besoin d'une prise de conscience générale
Quatre joueurs sont en effet décédés ces derniers mois peu de temps après avoir subi des chocs important sur un terrain. Les espoirs Nicolas Chauvin (Stade Français) et Louis Fajwroski (Aurillac), mais aussi un joueur d'une équipe universitaire à Dijon, et enfin un joueur amateur de 17 ans à Billom, dans le Puy-de-Dôme.
Malgré le choc provoqué par ces drames, rien n'a changé. "Pour se donner bonne conscience, on dit qu'on va établir des règles, dénonce le professeur Chazal en pointant la responsabilité de la fédération Française et de la Ligue Nationale de rugby. On dit qu'on va renforcer l'arbitrage ou plaquer plus bas. Mais dans le même temps, on dit que ces morts sont de simples accidents malheureux. Mais ces accidents sont directement liés au rugby !"
Pour Jean Chazal, il faut que le public, les médias, les joueurs et leurs familles s'emparent du sujet. "Si tout le monde réagit, alors la ligue et la fédération seront obligées de bouger ".
Des joueurs qui ont peur
Jusqu'à présent, les joueurs n'avouaient pas leur peur. Seules leurs familles le faisaient.
Le jeune clermontois Samuel Ezeala, victime d'une grave commotion lors de son premier match avec l'équipe professionnelle, a par exemple expliqué que son père lui avait demandé de laisser passer les joueurs au lieu de les plaquer !
Mais le discours commence à changer. Le capitaine de l'Equipe de France, Guilhem Guirado, a avoué publiquement ses craintes et plus récemment, c'est le talonneur de l'ASM Benjamin Kayser qui a mis fin à sa carrière, expliquant ne pas vouloir se mettre en danger.
Jean Chazal espère que la prise de conscience sera suffisante pour faire reculer les joueurs et les clubs, en renonçant à la musculation à outrance et au recours aux compléments alimentaires. "Si on ne fait rien, assure t-il, il y aura d'autres drames".
"Ce rugby qui tue" est publié aux éditions Solar.